Temps important dans la vie d’une entreprise, le séminaire s’imprègne de l’air ambiant et évolue au fil des années : symbole de récompense, de motivation d’équipe, instrument de cohésion. Aujourd’hui le séminaire d’entreprise se réfléchit à travers le prisme de la Responsabilité Sociétale des Entreprises et l’on parle désormais de séminaire éco-responsable ou green-meeting. En plus des thématiques propres à l’entreprise, le séminaire aborde les thématiques environnementales et se doit d’être exemplaire aussi dans sa forme. Si un séminaire classique fait fi de son bilan carbone, penchons-nous sur les contraintes d’un séminaire responsable.
Le bilan carbone consiste à calculer l’empreinte carbone, c’est à dire la somme des émissions de gaz à effet de serre dépensées pour l’organisation de l’événement. Le calcul s’exprime toujours en tonne équivalent CO2 (CO₂eq). Cela revient à comptabiliser les émissions de tous les postes : les déplacements des salariés du point de départ au point d’arrivée, les transferts effectués sur place, tous les achats réalisés pour l’événement (nourriture, fournitures diverses), le type de nuitées choisies, les activités pratiquées à destination et les services annexes achetés pour l’occasion.
Il existe des calculateurs en ligne comme co2.myclimate.org qui permettent de faire une évaluation rapide de ses émissions en renseignant les principaux postes énergivores : type de déplacement (avion court/moyen/long courrier), type d’hôtel, type de nourriture
Pour un séminaire de 3 jours 2 nuits pour 20 personnes, on obtient les chiffres suivants :
Séminaire au Maroc (avec avion) en hôtel 4*
20,8 tonnes CO₂eq soit 1,04 tonne/personne
vs
Séminaire en France (à 300 km du point de départ), en hébergement 2 à 3*
2,1 tonnes CO₂eq soit 0,10 tonnes/personne
⇒ On a donc une émission carbone 10 fois plus élevée en choisissant une destination avec avion
Pour rappel, les objectifs climat pour limiter le réchauffement à +1,5° sont une dépense de 2,3 t CO2 eq par habitant
Réduire au maximum les émissions d’un séminaire est un challenge intéressant ! Sans rentrer dans une démarche trop rigide, on s’aperçoit que l’on peut trouver des solutions alternatives et plus écologiques pour beaucoup de sujets. L’idée sous-jacente est aussi de montrer aux participants que l’on peut avoir autant de plaisir en respectant la nature voire plus, comparé à des activités qui ne sont plus en cohérence avec l’urgence climatique.
Choisir les transports en commun :
Avec le train champion du bas carbone, on tient là le meilleur allié pour rejoindre une destination dépaysante : mer, montagne ou grande ville de charme… Les lignes TGV permettent désormais de rallier l’autre bout du pays (y compris les voisins frontaliers) en quelques heures de voyage.
On combine ensuite facilement les transports en commun disponibles sur place au gré des visites : bus, marche à pied, vélo en libre service, tramway…
Pratiquer des activités outdoor bas carbone :
Exit les activités motorisées (scooter des neiges, quad…), de nombreuses activités ludiques émettent peu d’émission et ne dégradent pas l’environnement ! Vélo, kayak, stand up paddle, course d’orientation, cani-rando… le choix des activités de plein air originales est grand !
Stop aux goodies :
L’objet publicitaire a eu son heure de gloire… du stylo, à la casquette ou aux lunettes logotées, ces objets tout plastique fabriqués à l’autre bout de la planète ont un bilan carbone catastrophique. Leur durée de vie et leur usage sont si limités que l’on peut vraiment les laisser aux oubliettes. Si l’on veut offrir un petit cadeau pour l’occasion, on peut puiser dans les productions locales artisanales et pourquoi pas dans celles qui se mangent…
Éviter le jetable :
Les petites bouteilles d’eau minérale n’ont plus la cote, les gobelets non plus ! Des carafes d’eau du robinet et des vrais verres peuvent très bien faire l’affaire lors d’une session de travail et en vadrouille chacun s’efforcera d’amener sa propre gourde. Pas toujours facile de ne pas avoir de contenant à usage unique pour la nourriture lorsqu’on est en extérieur. Il faut au moins veiller à ce qu’ils soient en matière compostable et s’assurer qu’ils seront bien recyclés…
Manger local :
Choisir des restaurateurs qui se fournissent localement c’est éviter les kilomètres parcourus par les denrées, (parfois à travers la planète) pour arriver à destination. Les circuits courts ont plusieurs atouts : ils promeuvent les acteurs locaux en soutenant une agriculture à dimension humaine, ils garantissent la fraîcheur de ce qui est consommé, les aliments reflètent le goût du terroir dont ils sont issus. L’idéal est de pouvoir avoir une cuisine locale et bio, ce qui garantit qu’il n’y a pas d’intrants nocifs dans les sols et que les animaux sont élevés de manière saine et sans artifices. Les restaurants locavores sont souvent très inventifs
Le volet responsable ayant aussi une dimension sociale, pour éviter le gaspillage alimentaire, difficilement évitable sur les groupes importants, on peut imaginer faire des dons de nourriture à des associations qui vont redistribuer les repas via leur réseau.
Se loger responsable :
Si l’on veut diminuer l’empreinte carbone d’un séminaire, il faut impérativement choisir un hébergement qui garantisse une qualité de conception (isolation, énergie propre…) et une éthique environnementale. Un établissement ancien, mal isolé et mal géré peut s’avérer être une catastrophe au niveau consommation d’énergie et d’eau. Plusieurs labels permettent aux lieux d’accueil touristiques d’afficher leurs engagements : Le label Clé Vert, l’Écolabel européen… Ces labels attestent que les hébergements trient leurs déchets, appliquent une gestion rigoureuse des dépenses énergétiques et d’eau, n’utilisent pas de produits toxiques et travaillent en partenariat avec des
acteurs locaux. La démarche de labellisation, en raison de son coût et de sa lourdeur est difficilement accessible pour les petits hébergements mais il existe un grand nombre d’éco-lodges et d’hébergements insolites appliquant ces recommandations. Certains vont même parfois bien plus loin : pas de climatisation, produits de toilette bio, toilettes sèches, pas de wifi…
Se déconnecter :
On le sait, le numérique a un impact important en terme d’émissions de gaz à effet de serre : il est responsable de 3 à 4% des émissions mondiales. En raison des serveurs qui tournent 24/24h, ils consomment de l’électricité et émettent beaucoup de chaleur (ce qui demande de l’énergie pour être refroidis). Alors, le temps d’un séminaire peut être aussi une invitation à déconnecter pour mieux vivre le moment présent. Est-il vraiment utile que tout le monde prenne des photos et inonde les réseaux sociaux ? Faire lâcher les téléphones peut être un challenge en soi !